Le féminisme intersectionnel
Vous prônez une forme de féminisme à la fois individualisé et multiculturel, inclusif et protéiforme.
La phrase «On ne naît pas seulement femme» pourrait résumer votre pensée.
Vous estimez qu’il existe une multitude d’oppressions simultanées qui viennent s’ajouter à celle du patriarcat, comme la classe sociale, la religion, la couleur de peau, le handicap ou encore l’orientation sexuelle.
Selon la théorie intersectionnelle, les femmes noires, maghrébines, ou asiatiques par exemple, seraient «racisées», un terme qui indique qu’elles subissent non seulement le sexisme mais aussi le racisme.
Pour vous, le féminisme doit s’adapter à cette réalité et combattre simultanément ces discriminations sans chercher à les hiérarchiser.
Quelles que soient les discriminations auxquelles vous êtes confronté-e, vous avez conscience de vos propres privilèges, et vous vous remettez volontiers en question.
Vous avez intégré que l’on est toujours le privilégié de quelqu’un, et que l’on peut être une femme et opprimer une autre femme.
Si vous êtes une femme non musulmane, vous estimez que vous n’êtes pas légitime pour vous exprimer au nom des femmes voilées ; si vous êtes une femme hétérosexuelle au nom des homosexuelles ; si vous êtes blanche au nom des femmes «racisées», etc.
En revanche, vous êtes convaincue que toutes les voix doivent être entendues.
Vous vous méfiez de l’impérialisme du féminisme occidental, vous rejetez les positions jugées «hégémoniques» des mouvements féministes qui amalgament selon vous différentes catégories de femmes dans un seul et même groupe.
Vous estimez par exemple que le port du hijab n’est pas systématiquement un symbole d’oppression : une femme peut parfaitement être féministe et porter le voile pour des raisons identitaires.
Selon vos convictions, aucune personne ou société ne devrait forcer une femme à porter le voile ou lui interdire de le faire: le principal c’est le choix, qu’il soit fait au nom de convictions personnelles ou religieuses.
La non-mixité, c’est-à-dire interdire les réunions aux hommes ou à certaines catégories de militants vous paraît légitime pour que la parole puisse se libérer.
Il vous semble parfaitement envisageable de marier vos convictions féministes à la politique, notamment l’anticapitalisme et l’antiracisme.
Un article de Solange Knowles.